Créer un jeu vidéo peut se révéler difficile. C’est un processus qui demande énormément de temps et d’efforts avant de prendre forme. Il existe toutefois un moyen de contourner cela et de pouvoir rapidement s’entraîner aux subtilités du Game Design et du Game Art : Le modding.

Qu’est-ce que le modding ?

Le « modding » est simplement un dérivé du mot « modifier », plus précisément : modifier un programme informatique ou une machine. Il s’agit d’une pratique aussi ancienne que les débuts de l’informatique. Il n’est alors pas étonnant de voir qu’elle s’est rapidement invitée dans le jeu vidéo.

Le principe du modding est de prendre un produit de base et le transformer plus ou moins drastiquement pour changer ses fonctionnalités. Le but est de forcer un programme à effectuer des actions qu’il n’est normalement pas censé faire.

Ces transformations peuvent être très légères, comme remplacer un sprite ou un effet sonore par un autre, customisé par le moddeur. Toutefois, elles peuvent tout aussi bien complètement transformer le jeu, changer ses règles, ses modèles et ses mécaniques de gameplay. Poussé à l’extrême, on a pu voir de très nombreux modes et styles de jeux naître de ces mods, dérivés d’une base avec laquelle ils ne partagent plus que de faibles liens.

Cette pratique a toujours été très sociale ; les mods sont rarement conçus pour un usage personnel. Ces derniers sont régulièrement partagés et mis à jour, soit directement au sein des nombreuses communautés, soit par le biais de plateformes spécialisées comme Nexus Mods.

Le modding prend principalement place sur PC. Le ROM hack est un procédé extrêmement similaire au modding mais qui se spécialise dans la modification de fichiers ROM et ISO, plus propres aux consoles.

Une tradition vidéoludique

Depuis les débuts de l’internet et des premiers partages de données, le modding est devenu une véritable tradition vidéoludique, surtout sur PC.

On retrouve tout au long de l’histoire du jeu PC de nombreuses communautés (ou mêmes équipes) de moddeurs se regrouper autour des jeux marquants de ce média. Warcraft 3, Deux Ex, Doom, Unreal Tournament, The Sims… Tous ces classiques ont reçu de nombreux ajouts de leur part : niveaux, mécaniques de jeux, graphismes améliorés, correction de bugs…

Malgré les réticences éprouvées par beaucoup d’éditeurs, soucieux de protéger leurs propriétés intellectuelles, d’autres au contraire embrassent ouvertement ces communautés de bidouilleurs.

La présence de ces derniers se montre souvent bénéfique : ils créent du nouveau contenu bénévolement qui permet de renouveler régulièrement l’intérêt du public envers un jeu. Dans des cas plus extrêmes, comme pour ARMA 3, les mods peuvent même devenir plus populaires que le jeu de base, ce qui boost indirectement ses ventes.

Cette reconnaissance va d’ailleurs plus loin : certains éditeurs comme Bethesda, Blizzard ou Valve prodiguent même des outils de modding à leurs communautés. Elles possèdent alors de véritables outils de développeur qui leur permettent d’avoir facilement accès aux ressources d’un jeu. Cela leur permet d’élaborer des créations bien plus complexes et ambitieuses.

De simple mods à de véritables franchises

La contribution des moddeurs ne s’arrête pas qu’à de simples ajouts : des genres entiers de jeux vidéo sont nés leurs expérimentations. On pensera à DOTA, issu un mode de Warcraft 3, qui inventa après de nombreux tâtonnement le genre du MOBA

Inspiré par ces expériences vidéoludiques singulières, certains fans ont été poussés à développer eux-mêmes des suites spirituelles, reprenant les principes de ces mods. De DOTA a germé League of Legends ainsi qu’une suite directe sur son propre moteur, DOTA 2. Ces deux jeux ont cimenté le MOBA comme le style d’Esport le plus populaire de cette dernière décennie.

Similairement, le Battle Royale (Fortnite, PUBG), genre extrêmement populaire aujourd’hui, trouve ses racines dans de nombreux mods provenant notamment de jeux comme ARMA 3.

Valve fait figure de cas d’école ici. Malgré sa taille, cette entreprise n’a jamais publié beaucoup de jeux. Son magnum opus, Half-Life, a cependant profondément marqué le jeu PC dans son ensemble. Sa flexibilité et les nombreux outils de modding qu’il apportait, à la pointe de ce qui se faisait à l’époque, ont permis aux moddeur de mettre au point de très nombreuses variations de ce jeu.

Valve a activement recherché parmi ces innovations des pistes intéressantes, prenant contact avec les développeurs de ces mods pour travailler avec eux. Ces jeux sont devenus par la suite des licences à part entière, comme Team Fortress, Black Mesa, Portal, ou encore Counter Strike ; toutes sous la tutelle du plus grand distributeur PC au monde.

Cette tendance est telle que la quasi-totalité des jeux de Valve sont plus ou moins des dérivés de mods. Son plus grand succès actuel, DOTA 2, aussi dérivé d’un mod et a lui-même inventé un autre genre de jeux, les Autochess, devenu DOTA Underlords

Le modding : une porte d’entrée pour devenir développeur

Créer un jeu vidéo depuis zéro peut se montrer particulièrement retord. Il est en effet nécessaire de tout concevoir : le concept, les système, modèles, textures… Cela représente une tâche colossale qui nécessite généralement le travail une équipe complète.
Le modding devient alors un excellent moyen de contourner ces difficultés, servant de terrain d’entraînement très utile pour les développeurs en herbe. Il permet d’acquérir facilement des expériences en Game Design, Level Design, Game Art et même en programmation. De nombreux développeurs reconnus ont débuté par ces simples modifications. C’est par exemple le cas de que Toby Fox, le créateur de Undertale, qui a effectué ses débuts de ROM Hacker sur le RPG Mother.
Le modding prend place sur des jeux bel et bien finis, qui possèdent la plupart du temps de vastes bibliothèques d’assets à disposition et un gameplay solide et cohérent. Le jeu est déjà en place et opérationnel, il suffit simplement de modifier ses éléments pour créer du nouveau contenu.
Il s’agit d’une entrée en douceur pour les amateurs, leur permettant de décortiquer les différents aspects d’un jeu tout en le gardant jouable. Ils peuvent par la suite progressivement créer des ajouts et des modifications complexes, jonglant avec les différents aspects du développement d’assets vidéoludiques.

Comment fonctionne le modding ?

Certaines machines comme les PC ne sont pas fermées ; leurs utilisateurs ont la possibilité de manipuler la quasi-totalité des fichiers non-systèmes. Cela implique bien évidemment les jeux vidéo enregistrés sur ces disques durs.

Les grands jeux sont des programmes particulièrement complexes, faisant appel à de nombreux composants et assets répartis dans des bibliothèques. Ils sont donc installés sous la forme de dossiers qui répertorient toutes les données qui composent le jeu.

Ces assets incluent tous les éléments qui, une fois assemblés, vont composer un jeu vidéo : scripts, textures, bandes audios, modèles 3D… En changeant un de ces aspect, le jeu le reconnait et le lit différemment, ce qui crée des variations. On appelle « mod » un de ces fichiers transformé et stable, facilement applicable par l’utilisateur moyen. Modifier n’est pas la seule action possible ici : les moddeurs peuvent importer leurs propres ajouts ou supprimer certains éléments indésirables.

La manière dont chaque jeu peut être moddé et avec quel degré de flexibilité dépend de son architecture, à quel point sa structure autorise des transformations. Si un jeu comme Half-Life est incroyablement souple, ce n’est pas le cas de Tetris.

Les outils de modding

Le modding se fait donc au cas par cas, généralement grâce aux outils de modding créés par la communauté ou prodigués par les développeurs dont les fonctionnalités varient en fonction des jeux. Vous trouverez facilement en ligne de nombreuses aides pour vous aider à prendre en main les outils des jeux qui vous intéressent.

Ces programmes ont comme rôle de vous donner accès aux données d’un jeu par le biais d’une interface plus ou moins complète. Ils disposent généralement de différentes fonctionnalités :

Level editor

Particulièrement utilisé pour le Level Design, ce programme permet de customiser l’arrangement d’un niveau, sa forme, son arrangement, les scripts qui s’y exécutent et les épreuves qu’on y rencontre. Cela revient principalement à réarranger les assets et les textures dans un autre ordre et d’en changer les propriétés si besoin.

Tile editor

Similaire au level editor, un tile editor permet de créer des niveaux en travaillant case par case. On le retrouve plus souvent pour pouvoir manipuler de vieux jeux ou des jeux en vie isométrique (Civilization, Warcraft, DOTA…)

 

Scripts

Pour créer de nouveaux jeux, il faut souvent de nouvelles règles. Il est possible de créer de nouveaux scripts et de les associer à des conditions pour mettre en place de nouveaux évènements (exemple : si le joueur atteint la plateforme, déclencher un dialogue, un menu, une animation, un chargement…).

Modification de règles du jeu

Chaque élément d’un jeu est associé à des valeurs. Combien de dégâts fait une attaque ? Quelle hauteur peut-on atteindre avec un saut ? Changer ces valeurs permet de changer l’expérience de jeu, ou même de le rééquilibrer s’il n’est pas à votre goût.

Edition et ajout des sprites et textures

Il est très facile de modifier ou d’inclure de nouveux sprites ou textures, puis de dire au jeu lesquelles utiliser pour différentes situations.
Les Game Artists trouveront ici un entraînement parfait ces éléments formeront le gros de leur travail.

Modélisation 3D

Les outils plus poussés vous donnent accès à un certain degré de modélisation sous forme polygonale. Vous pouvez ensuite générer vos propres formes et les remplir avec des textures pour générer des objets à placer.

Quelles différences entre modding et ROM hacking ?

Moddeurs et ROM hackeurs jouent des rôles très similaires, customiser leurs jeux en transformant leurs règles. La différence principale repose dans le fait que les ROM hackers s’intéressent à des ROM (ou des ISO), un type de fichier un peu moins flexible et plus difficile à attaquer.

Une ROM est la numérisation de toutes les données extraites d’une casse ou d’une cartouche de jeu vidéo. Ces programmes sont extraits de hardware à lecture unique : on peut les lire mais on ne devrait en théorie pas pouvoir modifier leur contenu. C’est pourquoi on parle ici de hack, car on va briser cette restriction.

Le ROM hack passe par l’utilisation d’un éditeur hexadécimal, qui permet de visualiser et manipuler les données binaires d’un fichier. Avec une suffisamment bonne connaissance de ces jeux, cela leur permet d’obtenir à des fonctionnalités similaires au modding.

Toutefois de manière générale, les ROM hacks restent moins flexibles que les mods et garderont un gameplay assez similaire au produit de base. Il reste assez facile de coordonner et modifier ces différents assets afin de créer de nouveaux niveaux en revanche.

On peut noter que le « Romhacking » ne se limite plus qu’aux ROM. Cette appellation reroupe aussi aujourd’hui le hack de fichiers « ISO », qui fonctionnent avec le même principe mais pour les CD.

Les principaux jeux pour commencer à modder

Vous pouvez techniquement modder n’importe quel jeu PC et hacker n’importe quel cartouche ou CD. Toutefois, que ce soit grâce à leur popularité, leurs architectures faciles à décoder ou grâce aux outils de modding proposés par leurs développeurs, certains jeux sont bien plus faciles à modder que d’autres.

De nombreuses communautés se forment autour de ces jeux, capables d’apporter ressources et aides aux jeunes moddeurs désireux de rejoindre cette tradition vidéoludique. Les jeux suivants font donc de parfaits terrains d’entrainement pour commencer à pratiquer les bases du développement, du game design et du game art.

Minecraft

Dès ses débuts, Minecraft a été conçu pour être facile à modder. Son gameplay bac à sable lui ouvre naturellement l’accès à de nombreuses possibilités.

Minecraft est une bonne introduction en douceur au monde du modding. Ses textures restent rudimentaires, prenant la forme de cube. Cela permet aux Game Artists de concevoir des designs simples mais qui doivent tout de même faire preuve d’une bonne direction artistique.

Il s’adapte également bien à la création et l’ajout de nouveaux objets, blocs et propriétés, ce qui permet de créer facilement de nouvelles mécaniques de jeu. Les blocs pistons, ont par exemple commencé comme de simples mods avant d’être adoptés et repris dans le jeu officiel.

Super Mario World

Super Mario World est probablement une des ROM les plus décortiquée au monde et un grand classique des communautés de ROM hackers. Bien que le jeu n’ait jamais été officiellement ouvert au public, ces communautés le comprennent si bien qu’elles sont parvenues à recréer très fidèlement son code source.

Sans avoir besoin de plonger aussi loin, les outils de modding créés par les ROM hackers permettent de facilement mettre en place des niveaux, changer la propriété de certains objets et même inclure des sprites personnalisés.

Super Mario World est un jeu simple à prendre en main mais dont la richesse de gameplay peut être incroyablement profonde. Il permet de construire des puzzles, des niveaux très complexes (les fameux « kaizo »), de nouvelles mécaniques de jeu ou simplement, de faire de bons niveaux de platformer.  Très complet il s’agit d’un excellent entraînement aux domaines du Game Design et Level Design.

Si Super Mario World est un classique, on peut noter que plus ou moins tous les jeux de la série ont subi le même traitement. Si vous recherchez plutôt un jeu 3D, Mario 64 ou même Mario Galaxy sont des pistes intéressantes.

Gary’s mod (et la plupart des jeux de Valve)

Gary’s mod n’est pas réellement un mod, ni même un jeu d’ailleurs. C’est une interface bac à sable conçue pour être un outil de création de jeu vidéo pour débutant.

Il utilise le flexible moteur Source et donne accès à de très nombreux assets provenant des licences des jeux Valves. Vous y trouverez aussi des centaines de milliers d’ajouts customisés provenant de sa communauté.

 

Le Gary’s mod est une interface extrêmement flexible qui s’adapte à la création de la plupart des styles de jeux et animations 3D, comme des cinématiques. Elle est relativement facile d’accès tout ayant suffisamment d’outils permettant de modifier des paramètres plus complexes. Cela en fait une excellente plateforme de test pour des prototypes.

Après avoir maîtrisé les subtilités du Gary’s mod, vous pouvez également vous intéresser aux autres licences de Valve, comme Left 4 Dead, Team Fortress 2, Portal ou DOTA 2. Ces jeux proposent également de puissants outils de modding qui fonctionnent sur un principe similaire au Gary’s mod.

Valve étant une entreprise particulièrement pro-modding, tous ces mods peuvent être très facilement partagés en ligne par le biais du Workshop, ce qui vous permet de les playtester avec d’autres joueurs.

The Elder Scrolls : Skyrim

The Elder Scrolls : Skyrim est de loin le jeu le plus moddé de l’histoire vidéoludique, possédant encore aujourd’hui énormément de membres actifs. Malgré un système de gameplay relativement simpliste, l’échelle gigantesque du jeu et son aspect RPG permet là aussi la création de très nombreuses subtilités, voire, l’inclusion d’autres modes de jeux.

Skyrim est un package complet qui vous permet de réviser tous les aspects de la création d’un jeu vidéo. En fonction de ce que le moddeur recherche, il lui est possible d’utiliser le jeu pour travailler la modélisation 3D, les textures et sprites, les animations des différents modèles, le woldbuilding, le level design et la mise en scène de scénario. Les plus motivés pourront même aller jusqu’à créer leurs propres suites de quête ou même de nouveaux endroits ou régions.

Si vous souhaitez intégrer les métiers liés au monde du gaming et de la création vidéoludique, Campus des Ecoles vous propose des formations spécialement dédiées aux métiers du numérique.
Vous voulez intervenir dans le Game Design et diriger les mondes que vous créez ? Vous trouverez votre bonheur ici.
Le domaine du dessin et de la modélisation vous intéresse plus ? Vous pourrez faire prendre vie à vos créations en suivant une formation de Game artist.