Avec l’arrivée de nouveaux titres chaque année, la ruée vers les nouvelles tendances du secteur et l’évolution technologique permanente qui lui est propre, on aurait tendance à oublier que tout comme le cinéma ou la littérature, le jeu vidéo aussi a ses classiques.
C’est gratuit et sans engagement
A l’échelle des œuvres culturelles, le jeu vidéo n’est pas très ancien, n’ayant véritablement gagné en popularité auprès du grand public qu’à partir de la moitié des années 80, notamment avec la sortie de la NES de Nintendo. Néanmoins, cela n’a pas empêché les fans de constituer au fil des années un véritable catalogue de classiques à ne pas manquer. L’arrivée de l’internet a d’autant plus permis à ces aficionados de partager leur passion et leurs listes, faisant de nouveau rentrer beaucoup de jeux et de genres perdus dans limbes du temps dans la culture collective des communautés de gamers.
Cette pratique consistant à aller chercher des jeux dépassés de plusieurs générations est souvent appelée Rétro-gaming. Il s’agit d’une mode qui semble ne pas prête à s’atténuer ! A l’heure de l’écriture de cet article, on considère généralement le rétro-gaming comme regroupant les 5 premières générations de consoles (jusqu’à la Playstation 1/Nintendo 64/Sega Saturn/Gameboy Advance). Cela inclut également le jeu PC sous toutes ses formes et systèmes d’exploitation, le jeu sur arcade ainsi que les différents accessoires développée au fil des ans, comme le Power Glove de Nintendo.
Néanmoins, la définition de « vieux jeu » évolue évidemment avec le temps, et on peut se plus en plus inclure la sixième génération à cette liste. Après tout, la Playstation 2 reste encore aujourd’hui la console ayant accueilli le plus de titres de l’histoire du jeu vidéo.
Le rétro-gaming est une pratique à laquelle beaucoup de géants de l’industrie ne semblaient pas s’attendre lors de la création de leurs œuvres à l’époque. A cause de ce manque d’anticipation, il est en réalité assez difficile de se procurer d’anciens jeux de manière légale. Contrairement à un film qui serait conservé et qui peut être facilement copié ou adapté à des formats modernes, les jeux vidéo sont des programmes informatiques.
Ainsi, leur lecture dépend intrinsèquement des technologies autour desquels ils ont été créés pour fonctionner à l’époque. En d’autres mots, un jeu NES ne peut être utilisé que sur une console NES… en théorie.
De par le fait que beaucoup de ces jeux n’ont jamais été réédités et que la quasi-totalité des fabricants ont cessé de produire ces anciennes consoles et jeux, il n’existe donc plus qu’un stock limité de ces produits. Pire, dans beaucoup de cas, il arrive qu’une entreprise n’ait même pas conservé le code d’un jeu et soit incapable de le reproduire aujourd’hui… en supposant bien entendu que le studio existe encore.
Bien qu’il soit possible de les acquérir d’occasion, leur rareté entre beaucoup en jeu, ce qui a tendance à rendre cette pratique relativement coûteuse, bien qu’appréciée par certains collectionneurs. On assiste même à l’arrivée de boutiques et magasins spécialisés dans le rétro, notamment au Japon.
En réalité, pour beaucoup, le rétro-gaming est principalement une affaire d’émulation. L’émulation désigne la pratique qui consiste à répliquer l’architecture d’une machine par le biais d’une autre machine plus puissante. Autrement dit ici, parvenir à créer une sorte de console miniature à l’intérieur d’un ordinateur.
Cette pratique est en réalité extrêmement facile d’accès. L’évolution de l’informatique étant exponentielle, un ordinateur médiocre de nos jours est en effet capable d’émuler sans aucun problème des consoles datant des années 2000.
En utilisant cette pratique, collecter des consoles et librairies entières de jeux est passé d’une occupation coûteuse à un loisir gratuit, les amoureux de l’émulation partageant allègrement les jeux directement extraits des cartouches et CDs de ces jeux. Cette pratique est, il est vrai, relativement proche du piratage. Néanmoins, beaucoup de ces studios ne proposant plus les services nécessaires aux attentes des joueurs (ou n’existant purement et simplement plus), elle est généralement plus tolérée.
Au-delà de la gratuité et du gigantesque catalogue à la disposition des joueurs, le rétro-gaming a beaucoup d’attraits qui lui sont propres, souvent car ils ne sont plus ou que peu accessibles dans les jeux modernes.
On pensera par exemple à des jeux appartenant à des genres boudés par les éditeurs modernes mais qui pourtant gardent une certaine popularité : c’est le cas par exemple du metroidvania ou du shoot’em up. Ces types de jeux ne sont presque jamais édités de nos jours, mais ont vécu un âge d’or plusieurs dizaines d’années auparavant. Cela pousse donc souvent leurs amateurs à regarder vers le passé plutôt qu’à attendre de nouvelles sorties.
On peut retrouver également des personnes ressentant un attrait pour le style rétro en lui-même, souvent synthétisé sous le terme du « pixel art ». L’objectif à l’époque était de réaliser des modèles 2D intéressants mais avec un nombre de pixel limités. Cela forçait ainsi les développeurs à créer des personnages et des univers avec des identités visuelles fortes, reconnaissables encore aujourd’hui (Mario, Sonic…). La musique, à base de chip-tune, réalisée directement par une puce, possède elle aussi un style qui est souvent recherché pour les mêmes raisons.
Le rétro-gaming et l’émulation ont également permis aux plus aventureux d’expérimenter et de développer de nouvelles pratiques, telles que le speedrunning, ou le romhack. Ces véritables performances, qui détournent les fondamentaux mêmes du jeu, permettent encore régulièrement de mettre ces titres sortis il y a des décennies sur les devants de la scène. La Games Done Quick est un bon exemple : il s’agit d’un grand rassemblement biannuel dédié au speedrunning et où la majorité des runs sont effectués sur des seniors du jeu vidéo.
Enfin, il peut tout simplement s’agir de vouloir explorer soi-même les grands piliers du jeu vidéo, dont beaucoup ont inspiré des tendances à l’échelle de toute l’industrie et qui forment le socle d’une culture vidéoludique commune.
De la NES à la Switch en passant par la Megadrive, l’histoire vidéoludique s’étend maintenant sur 40 ans, avec tant de titres qu’il est impossible d’en faire une liste concise. Néanmoins, si vous cherchez à savoir quels ont été les pierres angulaires de cette histoire, voici quelques jeux qui ont marqué des tournants révolutionnant des pans entiers de l’industrie.
Véritable pionnier du platformer 3D, il s’agit sans doute du jeu le plus iconique de Nintendo dans son ensemble. Cherchant à utiliser les performances de sa nouvelle console, Nintendo a ajouté une nouvelle dimension à sa licence culte, effectuant une transition spectaculaire d’une saga 2D vers la 3D.
Ses innovations en ce qui concerne la gestion de l’espace, des contrôles de la caméra et du level design vont poser les codes du jeu de plateforme 3D. Codes qui ont été par la suite adoptés par de nombreux descendants tels que A Hat in Time, la saga des Rayman ou celle des Ratchet & Clank.
Encore aujourd’hui il s’agit d’un jeu qui reçoit beaucoup d’attention, et c’est un grand favori des communautés de speedrunning et de modding.
Même s’il ne s’agit techniquement pas du tout premier First Person Shooter, cet honneur revenant à Wolfenstein, les premiers FPS ont été appelés « doomlike » pour une raison. Avec une utilisation intelligente de sprites et de la perspective, Doom s’illustre comme le père du genre avec un gameplay dynamique et nerveux.
Offrant de nombreuses possibilités de gameplay et ayant ouvert très tôt le jeu au modding, la flexibilité de Doom est à la source de la plupart des conventions de shooter.
Si les origines du RPG prennent leurs racines au Japon, avec le phénomène de société qu’est Dragon Quest, ce n’est que bien plus tard que l’occident sera confronté à ce style déjà très populaire.
Final Fantasy 7, premier jeu de la série à avoir été distribué en France, malgré une traduction discutable, a véritablement été le premier de cette lignée de jeu à avoir su briser cette frontière. Long, profond et avec des mécaniques de gameplay complexes, FF7 a introduit dans son sillon de nombreuses sagas culte du jeu de rôle japonais comme celle des Suikoden ou celle des Tales of.
Sans hésiter le titre qui a le plus influencé le genre du jeu de combat dans son ensemble. Expérimentant à tatillon au travers de ses différentes versions consoles et arcades, c’est véritablement ce jeu qui est à l’origine de la majorité des fondamentaux du genre.
Il est par exemple à l’origine du système de combos, du système de contrôles ainsi que de la nervosité qui seront repris par le genre entier.
Street Fighter II Turbo, version définitive du jeu est considéré par beaucoup comme le jeu de combat ultime et est encore très présent sur la scène de l’E-Sport à l’international.
Il serait faux de croire que le rétro-gaming est une pratique cantonnée au passé néanmoins. Au contraire, son influence est plus présente que jamais. Face à cet amour peu caché pour ces anciens jeux, de plus en plus d’éditeurs cherchent eux-aussi à exploiter ce marché, et utilisent la sagesse acquise par l’histoire de toute une industrie comme source d’inspiration. Si vous êtes intéressé pour travailler dans le jeu vidéo ou pour devenir Game Designer, être familier avec ces fondamentaux peut ainsi être un atout important.
On peut par exemple voir ces enseignements appliqués de la manière la plus simple et directe possible : en remettant ces jeux en avant. C’est notamment la stratégie d’anciennes entreprises, telles que Nintendo, qui se sont concentrées ces dernières années sur des sorties de jeux rétro. On peut voir ainsi fleurir ici et là des remasters de classiques de l’histoire vidéoludique, tels que Resident Evil ou Final Fantasy 7.
A défaut, beaucoup de consoles proposent directement d’émuler d’anciennes consoles, telles que la Switch, qui possède une librairie rétro importante. En plus de proposer une alternative légale, cela permet de mettre plus en avant le retro-gaming entre les mains de joueurs casuals, qui y seraient autrement peu exposés.
Cependant on peut également voir l’impact du retro-gaming de manière plus détournée, notamment via l’émergence de nouveaux jeux plus ou moins directement inspirés des tendances rétro. En effet, beaucoup de jeux, notamment sur la scène indépendante n’hésitent pas à allègrement se servir dans de vieux codes du jeu vidéo.
Cela peut être pour se trouver une identité visuelle, comme dans le cas de Shovel Knight, ou bien afin de reprendre des systèmes de jeux peu utilisés aujourd’hui, comme Pillars of Eternity. On remarquera également que le style pixel art est extrêmement populaire chez ces mêmes studios indépendants, de par le fait qu’il permet de créer des personnages et des mondes très stylisés tout en étant relativement facile à produire.
Cependant on peut également voir l’impact du retro-gaming de manière plus détournée, notamment via l’émergence de nouveaux jeux plus ou moins directement inspirés des tendances rétro. En effet, beaucoup de jeux, notamment sur la scène indépendante n’hésitent pas à allègrement se servir dans de vieux codes du jeu vidéo.
Cela peut être pour se trouver une identité visuelle, comme dans le cas de Shovel Knight, ou bien afin de reprendre des systèmes de jeux peu utilisés aujourd’hui, comme Pillars of Eternity. On remarquera également que le style pixel art est extrêmement populaire chez ces mêmes studios indépendants, de par le fait qu’il permet de créer des personnages et des mondes très stylisés tout en étant relativement facile à produire.
On peut également voir des résurrections directes d’anciennes franchises délaissées par leurs éditeurs, telles que Castlevania ou Banjo-Kazooie. Toutes deux ont en effet été « réanimés » par des successeurs spirituels comme avec Bloodstained et Yooka-Laylee. On peut également constater ces dernières années une résurgence du jeu vidéo d’horreur ou du 2D platformer, des genres qui ne sont plus réellement explorés par les grands éditeurs mais qui pourtant semblent encore attirer beaucoup de fans.
De la même manière, il est difficile de ne pas lier le succès d’un jeu comme Mario Maker avec la communauté croissante du Romhack, qui n’a pas attendu l’aval de Nintendo pour commencer à créer ces propres niveaux depuis des années, en utilisant notamment Super Mario World comme base.
Le rétro-gaming n’est ainsi pas seulement un moyen de redécouvrir d’anciens jeux, mais représente aussi une formidable mine d’or pour tous types de développeurs en recherche d’inspiration. Les classiques sont en effet souvent classiques pour une bonne raison, et explorer cet univers permet de se confronter à plus de quarante ans de réussites, d’échecs et d’expérimentations à l’échelle de toute l’industrie vidéoludique.
Si vous souhaitez travailler dans le jeu vidéo, nous vous conseillons donc de vous pencher sur ces classiques, mais cela ne sera probablement pas suffisant : il vous faudra également une formation à tous les outils de la création vidéoludique. Campus des Ecoles propose des formations qui permettent d’explorer en profondeur les arcanes du jeu vidéo.
Vous cherchez à créer un système de jeu, un univers, et pourquoi pas, à raviver un ancien genre de jeu qui vous est cher ? Vous serez probablement intéressé pour devenir Game Designer.
Vous êtes mordu de l’esthétique rétro et vous seriez intéressé pour vous pencher sur du pixel art ou la manipulation de sprite ? Une formation pour Game Artist devrait vous convenir, et va couvrir toutes vos bases pour vous lancer.